Passé en 18 mois de la 450e à la 86e place du classement mondial, le Belge Raphaël Collignon achève "en confiance" sa première saison complète sur le circuit ATP, qu'il espère prolonger en battant la France à Bologne, mardi en quarts de finale de la Coupe Davis.

Nostalgique de l'époque Henin-Clijsters, quand les deux vedettes du Plat pays dominaient le tennis féminin, le public belge n'attend qu'un déclic pour rallumer la flamme, d'autant que David Goffin, ex-N.7 mondial (2017) retombé au 118e rang à 34 ans, ne semble plus en mesure, physiquement surtout, de jouer les premiers rôles.

L'émergence de Collignon, né aux Etats-Unis il y a 24 ans avant de grandir dans la région de Liège, est donc une aubaine pour les supporteurs "noir-jaune-rouge", qui l'ont découvert cet été grâce à un succès éclatant sur Casper Ruud (alors 12e mondial) au deuxième tour de l'US Open.

Mais c'est surtout son exploit face à l'Australien Alex De Minaur (actuel 7e mondial) en qualification pour la phase finale de la Coupe Davis en septembre qui a fait naître une véritable "Collignon-mania" dans la partie francophone du pays.

Ses matches à l'ATP 250 de Bruxelles, où il a atteint les demi-finales, se sont déroulés à guichets fermés. Il a atteint peu après la 73e place mondiale, son meilleur classement.

"Depuis l'US Open, j'ai réussi à surfer sur la vague", s'est réjoui lundi à Bologne le N.2 belge. "Je suis vraiment très content de la manière dont je joue, dont j'évolue. Je suis en confiance, c'est sûr!"

"Raphaël ne devrait pas tarder à entrer dans top 50, tant sa marge de progression est énorme", explique Filip Dewulf, ex-demi-finaliste de Roland-Garros qui travaille aujourd'hui pour la fédération belge.

- "Belgian copains" -

"Tout le monde croyait en lui, sauf... lui-même. Il a eu la bonne idée de bien s'entourer, notamment d'une coach mentale qui lui a fait comprendre qu'il était capable de grandes choses", ajoute-t-il.

Avec Zizou Bergs (43e mondial), le réserviste Alexander Blockx (116e) et les spécialistes du double Sander Gillé et Joran Vliegen, Collignon forme un quintette soudé.

"On nous surnomme les +Red Aces+ parce que nous sommes tous grands et bons serveurs. Mais on aurait pu opter pour les +Belgian Copains+ tant nous formons une vraie bande d'amis", explique le Wallon. "Je préfère largement cela à un trio de joueurs du top 20 qui ne peuvent pas se saquer!", assure-t-il.

"Fan absolu" de Rafael Nadal, Collignon "connaît tous les scores" de l'Espagnol "en finale de Roland-Garros", tournoi fétiche de l'ogre de l'ocre (14 titres).

"C'est une passion qui est née très jeune. J'ai des souvenirs de moi qui regarde Roland-Garros avec mon petit bandeau à cinq, six ans", s'est remémoré lundi Collignon.

Le petit fan de Rafa a depuis bien grandi et se targue désormais d'envoyer des "patates" à plus de 230 km/h au service.

- Clown de service -

Mais sa palette technique ne se limite pas à cela: "Il est grand, puissant, il bouge incroyablement bien et est même, à mes yeux, un des meilleurs défenseurs du monde", savoure son compatriote et contemporain Gauthier Onclin (219e mondial à 24 ans).

Collignon est aussi un sacré ambianceur. "Si Zizou est un véritable leader, moi je suis plutôt le clown de service. Sérieux sur le terrain, j'ai besoin de cette soupape de décompression en dehors", expliquait-il récemment au quotidien Le Soir.

"J'essaie d'être toujours positif, de voir la vie du bon côté, histoire d'insuffler un surplus d'énergie positive à l'équipe dès le petit-déjeuner", poursuivait le protégé de Steve Darcis, son entraîneur qui est aussi le capitaine de l'équipe belge de Coupe Davis.

"Heureusement pour moi qu'il est francophone puisque moi, je ne +touche+ pas un mot de néerlandais", la langue natale des quatre autres membres de la sélection.

En attendant de mieux maîtriser le flamand, Collignon a trouvé un subterfuge: "J'essaie d'arriver en premier à table et de lancer une discussion en français. Sinon, si ça part en néerlandais je suis largué pendant 30 minutes", plaisante le N.2 belge.