15h43 CET
08/12/2025
Après les grands mots, les grands remèdes? Liverpool a choisi lundi d'écarter sa star Mohamed Salah pour le sommet contre l'Inter Milan, deux jours après une prise de parole incendiaire de l'attaquant à l'origine d'une "guerre civile" dévastatrice en interne.
L'ailier égyptien a pris part à l'entraînement collectif en fin de matinée, sous l'oeil des médias venus en nombre, mais il n'est pas monté dans l'avion pour l'Italie dans l'après-midi.
Si les dirigeants de Liverpool ne se sont pas exprimés publiquement, son absence pour le match de Ligue des champions est facile à décrypter: aucun joueur n'est au-dessus du collectif, aucun joueur n'est au-dessus de l'entraîneur.
Ce dernier l'a confirmé lundi soir en conférence de presse. "En général je suis calme et poli, mais ça ne signifie pas que je suis faible. Si un joueur fait autant de commentaires, c'est à moi, à nous en tant que club, de réagir. Et notre réaction est visible au fait qu'il ne soit pas là", a dit Arne Slot.
Le Néerlandais a repoussé à plus tard la gestion de cet encombrant dossier, sans livrer le fond de sa pensée.
Côté pile, il s'est dit "convaincu qu'il y a toujours une possibilité pour un joueur de revenir". Côté face, il a botté en touche quand un reporter lui a demandé si Salah avait joué son dernier match avec Liverpool ce week-end: "Je n'en ai aucune idée. Je ne peux pas répondre à cette question à l'heure actuelle".
Les déclarations de "Mo" Salah samedi après le match à Leeds (3-3), où il était remplaçant pour la troisième fois d'affilée, ont en tout cas fait l'effet d'un séisme.
Situation "pas acceptable", "promesses" non tenues par le club, "plus aucune relation" avec l'entraîneur: l'attaquant star a vidé son sac publiquement et ouvert la porte à un départ, car "le club m'a jeté en pâture" ("thrown under the bus" en VO).
- Mise au ban -
"Salah s'est assuré que tous les autres membres de Liverpool – la hiérarchie du club, son entraîneur et même ses coéquipiers qu'il prétendait aimer – se retrouvent sous le bus avec lui", a commenté The Guardian, lundi.
L'ensemble de la presse semble partager l'avis du quotidien, selon lequel "l'accès de colère égocentré de Salah trahit Liverpool". Pour l'Egyptien, "c'est soit vous me soutenez et vous virez l'entraîneur, soit vous me vendez", résume The Sun, en reprenant l'expression "guerre civile" également utilisée par The Daily Mail.
A Liverpool, l'attaquant de 33 ans a acquis le statut de légende vivante avec ses 250 buts en 420 matches (dont 383 disputés comme titulaire), le titre de 2019 en Ligue des champions et ses deux sacres en Premier League (2020 et 2025), le dernier à l'issue d'une saison exceptionnelle à titre individuel.
En 2024-25, le "roi d’Égypte" a inscrit 29 buts et délivré 18 passes décisives en championnat, une contribution majeure à la couronne nationale décrochée dès le mois d'avril, et célébrée par une foule en liesse fin mai.
Cet état de forme éblouissant a conduit le club à le prolonger, avec une belle revalorisation salariale à la clé. Mais le rendement de l'ailier droit s'est tari après l'été (quatre buts seulement en championnat, un en Ligue des champions), son manque de travail défensif a été pointé du doigt et son statut d'intouchable a été remis en cause.
Slot l'a relégué au rang de remplaçant contre Galatasaray et Francfort en Ligue des champions, puis trois fois d'affilée en Premier League, avec une seule entrée en jeu à la mi-temps contre Sunderland (1-1). Une mise au ban inédite pour lui.
"J'ai dit à plusieurs reprises auparavant que j'avais une bonne relation avec l'entraîneur et tout d'un coup, nous n'avons plus aucune relation. Je ne sais pas pourquoi, mais il me semble, d'après ce que je vois, que quelqu'un ne veut pas de moi dans le club", a asséné Salah.
Visait-il son entraîneur? "La seule personne qui peut répondre à cette question, c'est +Mo+ lui-même", a esquivé Slot lundi.