13h52 CEST
09/05/2025
La milieu offensive du Paris FC, Gaëtane Thiney arrêtera sa carrière en fin de saison: après sa victoire en Coupe de France, l'internationale de 39 ans (163 sélections) espère raccrocher sur un titre en Première ligue féminine dont elle dispute les demi-finales dimanche, encore contre le PSG.
Q: Quel sentiment vous a animé au moment de brandir la Coupe de France samedi ?
R: "Magnifique. Comme dans un rêve. Ça a été une émotion indescriptible et presque irréelle puisque c'est mon premier trophée. Même si, très rapidement, je me suis déjà tournée vers le match de dimanche."
Q : Après l'obtention de la Coupe de France (0-0, victoire aux tirs au but), on imagine que vous en voulez encore plus ?
R : "Ce qui est sûr, c'est qu'on a envie d'aller en finale du championnat. Comme le week-end dernier, cette demi-finale va se jouer sur très peu de choses. La gestion de la victoire en Coupe aura son importance. Il faut réussir à surfer sur ce bonheur qu'on a, mais limiter la perte d'influx. Ça peut une nouvelle fois être une semaine magique pour nous."
Q : C’est le message que vous avez fait passer à vos coéquipières ?
R : "Il a fallu savourer quand même. Mais effectivement, on en a discuté. Je leur ai dit que, moi, je n'aime pas le dimanche soir, je n’ai jamais aimé. Ça me donne le cafard. C’est ce que je me suis dit: je ne peux pas arrêter ma carrière un dimanche soir. Un vendredi, ce serait mieux (jour de la finale de Première Ligue féminine, NDLR)."
Q : Que retenez-vous de vos années au PFC ?
R : "La Coupe de France, c’est une consécration, mais finalement, ce qui m'apporte le plus d'émotion, c'est tout ce qui s'est passé durant ces 25 ans. L’obtention de la Coupe, c’est le moment le plus fort de ma carrière, me dit-on, mais c’est justement parce qu’il y a eu tous ces moments avant que cette victoire est si spéciale. Aussi bien les échecs que les réussites. J'ai refusé de partir dans des grands clubs en disant qu'un jour, le PFC gagnerait un trophée face à Lyon ou Paris qui sont énormes sur le plan mondial. C'est la réussite de ce choix fort."
Q : Si vous deviez ne retenir qu’un seul moment de vos 25 ans de carrière...
R : "Le quart de finale de Coupe du monde face à l’Angleterre en 2011 que l’on remporte aux tirs au but. Le moment où je vais tirer mon pénalty, en troisième position, je marche et je me dis: +Profite parce que tu rêves de ça depuis longtemps+. En ayant l'impression que tout était écrit. Comme lors de la Coupe de France."
Q : Vous évoquez votre carrière en bleu qui ne s’est pas terminée comme celle en club ?
R: "Ma carrière en bleu est extraordinaire, mais devrait l’être encore plus. Elle a été merveilleuse, très difficile, parfois très blessante. Elle m'a fait faire beaucoup d'insomnies. Mais l'injustice, la colère m'ont nourri aussi dans le bon sens. Ca fait partie de mon histoire. Et ce qui fait peut-être qu'aujourd'hui, je suis toujours sur le terrain. Je n'ai jamais dit que j'arrêtais ma carrière internationale. je considère que tant qu'on est sur un terrain, on est sélectionnable. Et je me suis toujours dit que je finirais sur un titre avec les Bleues. J'y ai toujours cru, encore l'année passée lors des Jeux Olympiques."
Q: Comment voyez-vous l'évolution du football féminin ?
R: "J'ai aimé toutes les périodes du foot féminin que j'ai connues. Celle où j'étais sportive de haut niveau non rémunérée. Celle où je suis professionnelle. Mais le football féminin n'est pas le football masculin en miniature. Et je préférerais que les joueuses ne soient pas la copie des joueurs, qu'elles portent un élan différent. Le football professionnel est magnifique. Moi, il me fait rêver. Mais il y a un côté +star system+ qui me fait moins rêver. La professionnalisation doit servir à la performance, pas à starifier des joueurs. Il y a une nuance entre starifier et devenir rôle modèle. Et nous, les filles, on a le devoir de porter des messages, de faire avancer la société, de faire avancer le sport de haut niveau plus que vouloir ressembler à une star."
Propos recueillis par Léo HUISMAN